dimanche 14 septembre 2008

Organiser sa survie

J'ai été élevée dans un système matriarcal. Chouchoutée devrais-je dire. Un des nombreux résultats, c'est qu'il est pour moi hors de question de me consacrer à certaines tâches que d'autres considèrent comme essentielles. Du genre faire la bouffe. Par conséquent, je voue une affection sans borne à toutes les mamans de substitution capables de me nourrir. Bien sûr, c'est pas évident de trouver chaque jour une nouvelle personne pour me sustenter. Mais pendant cinq ans, je n'ai plus eu à me préoccuper de ce genre de détails. Le manger sortait tout seul, comme par magie, de la cuisine pendant que je regardais la télé. Le manger que je voulais, préparé comme je l'aime c'est-à-dire avec un maximum de gras. "Tu veux manger quoi ? Je sais pas... du gras... de la crème fraîche ça serait bien." Bien sûr, parfois, les aléas de la vie et des voyages me forçaient à jeûner quelques jours avant la reprise du miracle. Mais ça finissait toujours par revenir. Finalement, le principal inconvénient de cette expérience hautement ésotérique c'était d'entendre le cuisinier soupirer : "mais c'est pas possible, comment tu ferais sans moi ? Tu t'en sortirais pas..." Typiquement le genre de phrases qui vous donne envie d'encastrer la tête de votre interlocuteur dans un mur. De nature pacifiste, je préférais répondre avec un air pincé "bah j'irais au restau".

Sauf que le restau tous les jours, c'est pas possible. Pour le moment. Vu l'état de mes finances.

Donc l'autre jour, aiguillée par la faim, je me suis lancée dans une grande expédition.

Comme les plats ne sortent plus tout prêt de la porte magique, j'ai décidé de l'entrouvrir et d'y jeter un coup d'oeil, histoire de comprendre ce mystérieux dysfonctionnement.

Aujourd'hui, j'ai décidé de pénétrer dans la cuisine. Autant dire, la pièce interdite.

Premier constat : incompréhensible... il semble que les poubelles ne se lèvent plus sur leurs petites jambes pour descendre toutes seules jusqu'au local. Je me demande si elles espèrent vraiment que je vais le faire à leur place. Toutes façons, le déménagement est pour le 15 novembre, ça me laisse encore un peu de temps pour me décider à faire quelque chose.



Deuxième constat : c'est sale. Mais ça, j'ai toujours su qu'une cuisine était forcément un endroit dégueulasse. En quoi la cuisine s'oppose à la salle de bain. La salle de bain, c'est toujours une pièce trop cool et facilement nettoyable.



Troisième constat : il y a de la vaisselle très sale dans l'évier. Par dignité, je n'ai pas photographié la tasse avec les champignons. Mais là, je flippe quand même. Parce que je suis incapable de me souvenir de la dernière fois où je me suis faite à manger dans cette maison. Je me souviens que cet été, prise d'un coup de folie, j'avais décidé de me nourrir seule. J'en conclus logiquement que ces couverts sont là depuis un mois - sauf qu'arrivé à ce stade de saleté (celui avec les tâches vertes et blanches) la vraie fainéante se demande si vraiment ça vaut le coup de les laver, s'il ne vaut mieux pas tout jeter. Et comme c'est une décision importante, je décide de la remettre à un autre jour.



Quatrième constat : y'a que dalle à bouffer. Vous pouvez apercevoir un vieux pot de crème fraîche périmé. Un reste de fromage desséché et un vieux bout de saucisson tellement dur que je pourrais aussi bien le transvaser dans la boîte à bricolage pour le recycler en marteau.



Mais le plus grave c'est sans aucun doute ça et ça. Plus de café, plus de nutella... enfin pâte à tartiner comme ils disaient dans une excellente émission de télé-réalité cet été.



Comme j'étais au bord de l'inanition, il m'était évidemment impossible d'aller me taper les courses chez Carrouf. Mais j'ai trouvé la solution :)

10 commentaires:

C a dit…

Et puis les gens ne songent pas à te proposer de partager avec eux leurs bons plans, genre excellent chinese à 5 euros .... ;-)

Anonyme a dit…

JE RIS et, en bonne maman de substitution, je suis horrifiée en même temps
la prochaine fois que je viens chez toi, je ne résisterai pas à l'envie de ranger ce foutoir et de faire la vaisselle héhé

Anonyme a dit…

C'est moche ce que tu fais : culpabiliser les mères de substitution que certain(e)s sont au fond de leur petit coeur, et leur donner envie de te préparer à manger et de faire ta vaisselle. T'imagines un peu si t'étais un garçon?
Mais dis donc, ça serait pas au Quick de la nation, cette belle photo?
Inge

Anonyme a dit…

oui moi je veux bien te faire à manger tous les jours ...
Viens chez moi (c'est ma deuxième proposition ...)

Anonyme a dit…

j'ai trouvé mon maître ! et ce n'était pas gagné.
je fonctionne avec du sous-vide, dernièrement.

titiou lecoq a dit…

Quick de Nation effectivement, tu le reconnais à la couleur mordorée des frites je suppose...
Ceci étant, ça a l'air de fonctionner la culpabilisation des mamans de substitution. PARFAIT.

Anonyme a dit…

PETITE MALIGNE

melanie a dit…

si tu me donnes ton adresse, je t'envoie de la pâte à tartiner par la poste.

Anonyme a dit…

Aaaaaaaargh!
Je veux bien me dévouer pour le café... Tu vas en avoir besoin avec toute cette vaisselle!
Bon courage pour la bataille d'eau de javel!
Aglan

Anonyme a dit…

T as déjà observé la décomposition des chocapics dans leur reste de lait? Au bout de quelques jours ça devient gerbant mais tellement cocasse, visuellement parlant. Ca ajouterait une belle touche pastel à ta collec de photos.
C est bien, c est beau, c est Quick.