Petit retour dans la mesure où il s'agit juste de poser quelques postulats.
La dernière fois qu'il y a eu un vendredi du sexe - autant dire que ça commence à remonter puisque vendredi dernier j'ai passé mon tour (je sais Gwendoline, je suis une grosse flemmarde) - il y a eu un commentaire très juste qui m'a particulièrement interpelée. C'était l'idée que le porno c'est de la fiction. Et oui, bien sûr, ça n'a pas une valeur de documentaire. Pour autant, se limiter à cette affirmation, c'est quand même simplifier quelque chose qui, par essence, ne l'est pas.
D'abord parce que même siliconés et bodybuildés, et donc quelque part dé-réalisés, ce sont des vrais corps que l'on mate. De vrais corps meurtris et maltraités - principalement dans le gonzo américain.
Gonzo américain qui pose le problème de la surenchère. Les hardeuses françaises qui ont tenté l'expérience outre-Atlantique, dans l'espoir d'acquérir le statut de véritables stars, n'ont pas très bien vécu l'expérience - aussi courageuses et endurantes soient-elles. De ce point de vue, les scènes de Katsumi aux States sont... heu... parlantes. (J'hésite à mettre un lien vers du pas du tout Safe For Work et du pas très joli en prime... Disons que, pour les curieux, vous tapez Katsumi gang bang dans le moteur de recherche de pornhub et vous constaterez par vous-même les dégâts.) Et on peut, en un sens, lui reprocher ce refus complet de dire stop quand il devient évident qu'elle est au bord de l'évanouissement. Ce faisant, elle participe à ce que les réals exigent autant des autres filles.
Parce qu'il y a une espèce de surenchère perpétuelle et qui bizarrement ne se joue pas sur du "toujours plus de douceur et d'orgasme". Par rapport aux pornos qu'on matait quand on était petits/petites, il y a quand même une montée en puissance du sadisme assez nette qui se joue plutôt autour du défi "jusqu'où le corps et la psyché féminine peuvent-ils tenir ?" question qui semble être le noeud de la majorité des productions récentes. (Même si, bien sûr, ce n'est pas le cas de toutes mais c'est suffisamment courant pour que Dorcel lui-même s'en plaigne).
Qu'est-ce que ces femmes sont capables d'accepter, qu'est-ce qu'elles sont capables d'endurer, jusqu'où va leur soumission - quelque chose qui relève de l'entreprise de déshumanisation. (Des questions que Rocco Siffredi a su très bien exploiter pour son bien-être commercial. Incroyable comment ce connard hypocrite a réussi à se faire passer pour "un homme qui aime les femmes" et être invité sur tous les plateaux de télé alors que dans le milieu il est connu pour être l'inventeur des scènes de levrette où l'actrice a la tête plongée dans la cuvette des chiottes).
Personnellement, je suis convaincue que ces hardeurs, si on leur faisait subir la moitié de ce qu'ils tournent comme scène, ils s'effondreraient complètement.
Mon propos n'est pas de déterminer les responsabilités en la matière, entre producteurs et consommateurs, juste de souligner une évolution du contenu pornographique avant de spéculer sur les implications dans notre sexualité quotidienne. Parce que ces scènes trash, bien que chacun fasse la différence avec la sexualité vécue, elles contribuent à cristalliser de nouveaux fantasmes qui alimentent ensuite, de manière plus ou moins assumée et explicite, les jeux sexuels de la vie quotidienne.
Et je mets en lien mon interview de Milka Manson.
La dernière fois qu'il y a eu un vendredi du sexe - autant dire que ça commence à remonter puisque vendredi dernier j'ai passé mon tour (je sais Gwendoline, je suis une grosse flemmarde) - il y a eu un commentaire très juste qui m'a particulièrement interpelée. C'était l'idée que le porno c'est de la fiction. Et oui, bien sûr, ça n'a pas une valeur de documentaire. Pour autant, se limiter à cette affirmation, c'est quand même simplifier quelque chose qui, par essence, ne l'est pas.
D'abord parce que même siliconés et bodybuildés, et donc quelque part dé-réalisés, ce sont des vrais corps que l'on mate. De vrais corps meurtris et maltraités - principalement dans le gonzo américain.
Gonzo américain qui pose le problème de la surenchère. Les hardeuses françaises qui ont tenté l'expérience outre-Atlantique, dans l'espoir d'acquérir le statut de véritables stars, n'ont pas très bien vécu l'expérience - aussi courageuses et endurantes soient-elles. De ce point de vue, les scènes de Katsumi aux States sont... heu... parlantes. (J'hésite à mettre un lien vers du pas du tout Safe For Work et du pas très joli en prime... Disons que, pour les curieux, vous tapez Katsumi gang bang dans le moteur de recherche de pornhub et vous constaterez par vous-même les dégâts.) Et on peut, en un sens, lui reprocher ce refus complet de dire stop quand il devient évident qu'elle est au bord de l'évanouissement. Ce faisant, elle participe à ce que les réals exigent autant des autres filles.
Parce qu'il y a une espèce de surenchère perpétuelle et qui bizarrement ne se joue pas sur du "toujours plus de douceur et d'orgasme". Par rapport aux pornos qu'on matait quand on était petits/petites, il y a quand même une montée en puissance du sadisme assez nette qui se joue plutôt autour du défi "jusqu'où le corps et la psyché féminine peuvent-ils tenir ?" question qui semble être le noeud de la majorité des productions récentes. (Même si, bien sûr, ce n'est pas le cas de toutes mais c'est suffisamment courant pour que Dorcel lui-même s'en plaigne).
Qu'est-ce que ces femmes sont capables d'accepter, qu'est-ce qu'elles sont capables d'endurer, jusqu'où va leur soumission - quelque chose qui relève de l'entreprise de déshumanisation. (Des questions que Rocco Siffredi a su très bien exploiter pour son bien-être commercial. Incroyable comment ce connard hypocrite a réussi à se faire passer pour "un homme qui aime les femmes" et être invité sur tous les plateaux de télé alors que dans le milieu il est connu pour être l'inventeur des scènes de levrette où l'actrice a la tête plongée dans la cuvette des chiottes).
Personnellement, je suis convaincue que ces hardeurs, si on leur faisait subir la moitié de ce qu'ils tournent comme scène, ils s'effondreraient complètement.
Mon propos n'est pas de déterminer les responsabilités en la matière, entre producteurs et consommateurs, juste de souligner une évolution du contenu pornographique avant de spéculer sur les implications dans notre sexualité quotidienne. Parce que ces scènes trash, bien que chacun fasse la différence avec la sexualité vécue, elles contribuent à cristalliser de nouveaux fantasmes qui alimentent ensuite, de manière plus ou moins assumée et explicite, les jeux sexuels de la vie quotidienne.
Et je mets en lien mon interview de Milka Manson.
7 commentaires:
ah ah, prems.
C'est du Sade en image. Ai découvert sur le tard le Marquis. Je ne savais pas que c'était aussi trash. Que la jouissance provenait de l'avilissement de la femme.
C'était du fantasme et ça voyageait dans la tête.
Au jour d'aujourd'hui, des femmes incarnent cela.
Bien sûr que j'aime pas. J'attends des productrices et des réalisatrices de films porno.
A part ça, HPG est très sympa. Il a bien animé ma fête d'anniversaire.
Tout à fait d'accord. C'est passé de l'imaginaire à l'incarnation, la chair.
Alala... A chaque fois j'oublie que t'as HPG à tes fêtes. Ca me refait toujours le même choc.
En six ans de 20 minutes, la meilleure interview que j'ai pu faire (je n'ose dire la plus profonde), c'était avec coralie trinh thi pour son roman-autobiographie. Parce que (et c'est là où je rejoins ton propos), c'est une vraie personnalité, une forte tête, qui a mené sa vie de hardeuse comme elle l'entendait, comme elle mène sa vie de tous les jours... Et ça fait toute la différence je crois.
hihi, il est venu une fois. mais je le ré-invite quand je veux !
d'ailleurs, à un moment où je voulais emmerder mes parents, je voulais le présenter comme mon petit copain et l'amener manger chez eux.
bon ça me fait penser que Despentes elle est géniale quand elle parle de Coralie, elle la défend bêtes et ongles (?).
sur le fait justement qu'elle n'a pas été prise au sérieux comme réalisatrice car venant du hard.
C'est faire un joli compliment à l'industrie pornographique que de penser qu'elle est à l'avant-garde de la représentation du désir et des phantasmes. Nous pouvons aux contraire admettre qu'elle ne fait que suivre un rapport au corps, à l'intimité, à l'autre, déterminé par des agencements sociaux, politiques, économiques,... beaucoup plus complexe à décrire. Est-ce que je vais sodomiser ma femme qui a la tête dans les chiottes parce que j'ai vu Rocco le faire? Sans doute pas, mais plutôt parce que mes déterminations m'y poussent, et que le champs ludique de ma partenaire m'y autorise. Rocco sera certes un rouage dans la grande machine des forces désirantes, mais rien de plus.
Un billet qui synthétise bien les raisons pour lesquelles j'assume de moins en moins bien ma consommation de porno-pour-branlette-hygiénique.
Avant, c'était « le plaisir de l'homme », maintenant, c'est « le plaisir de l'homme, l'humiliation de la femme ».
Je note cette dérive également sur le blog de John B. Root qui fait de la surenchère dans les minettes les plus jeunes simple-double-triple pénétrées mais « elles jouissent », dit-il.
Mouais.
Une fois sur cent, peut-être.
Sodomie la tête dans les chiottes, ce serait de la faute de Rocco ? Disons plutôt que si une fille à la gastro un jour de tournage et qu'elle n'a pas de certificat médicale, il faut bien trouver une solution pour ne pas perdre une journée !
Faut penser bizness, un peu !
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