Paradoxalement, ce n'est ni la sensation de la douleur, ni sa représentation qui semble plaire à O mais la situation, ou l'état, dans laquelle/lequel ça la met. Un état qui oscille entre deux opposés qui semblent se rejoindre : l'oubli total de soi et la sur-conscience de soi. Elle s'oublie dans la douleur et dans le même temps, ses sens sont exacerbés. Elle acquière donc une conscience d'elle-même purement sensorielle.
L'histoire peut grossièrement être coupée en deux mouvements. D'abord, O est amenée par son amoureux à Roissy, dans un château. Elle est folle amoureuse de lui et heureuse de lui prouver ainsi son amour, enivrée de perdre sa liberté et donc sa responsabilité dans leurs jeux sexuels. (en tout cas, c'est mon interprétation) A Roissy, les femmes sont à la disposition des hommes et doivent suivre un certain nombre de règles qui sont là pour leur rappeler qu'elles sont en position de soumises dont :
L'histoire peut grossièrement être coupée en deux mouvements. D'abord, O est amenée par son amoureux à Roissy, dans un château. Elle est folle amoureuse de lui et heureuse de lui prouver ainsi son amour, enivrée de perdre sa liberté et donc sa responsabilité dans leurs jeux sexuels. (en tout cas, c'est mon interprétation) A Roissy, les femmes sont à la disposition des hommes et doivent suivre un certain nombre de règles qui sont là pour leur rappeler qu'elles sont en position de soumises dont :
- ne jamais croiser les jambes
- ne jamais fermer tout à fait la bouche (ça, comme une adolescente un peu conne, je m'étais demandée si c'était vraiment possible)
- ne jamais regarder un des hommes dans les yeux.
Le manquement au règlement entraine une punition par le fouet.
Evidemment sous ses airs de "je fais ça parce que j'aime faire plaisir à mon amoureux chéri et qu'il a insisté" O. kiffe pas mal.
En sortant du chateau, parce que quand même à un moment il faut aller retrouver la vraie vie et gagner sa croûte, on remet à O. une bague qu'elle devra porter en permanence. Elle est le signe de sa soumission. Si elle croise un ancien de Roissy, il saura immédiatement qu'il peut tout exiger d'elle, n'importe où, n'importe quand. Et là, Pauline Réage fait un choix assez étonnant, elle n'exploite pas cette idée. Elle se contente de décrire les situation gênantes que fantasme O. mais rajoute que soit qu'aucun homme n'ait trouvé O. à son goût, soit qu'elle n'ait rencontré personne de Roissy, bref personne ne profite de la liberté que lui accorde la bague portée par la jeune femme.
Moment charnière dans le récit, l'amoureux la met à disposition d'un certain Sir Stephen. Mais sir Stephen c'est pas une couille molle. Direct, il grille O. Attention, phrase culte : "Mettez-vous à genoux pour m'écouter, dit-il. Vous confondez l'amour et l'obéissance. Vous m'obéirez sans m'aimer, et sans que je vous aime."
S'ensuit une sorte de lutte entre eux parce qu'on élimine pas la question des sentiments aussi facilement et, évidemment, O va aimer sir Stephen. "Elle n'en attendait aucune pitié, mais ne pouvait-elle lui arracher quelque amour ?" Mais surtout, il va lui rendre sa liberté en lui proposant de la perdre. C'est-à-dire qu'il va lui demander de tout accepter, d'assumer son choix sexuel sans faire passer ça sous un hypocrite "je le fais par amour". Il lui demande d'être consentante et là, c'est beaucoup plus compliqué pour elle que le prétexte de "je me plie aux fantaisies perverses de l'homme que j'aime". C'est dire "oui, je veux être traitée ainsi". C'est donc au moment où elle renonce en pleine conscience à sa liberté qu'elle est la plus libre. Et c'est sans doute l'idée la plus belle du livre, devenir enfin maître de soi dans ce qui est, apparemment, le contraire de la maîtrise de soi.
10 commentaires:
La seconde partie est digne de la première... encore merci d'avoir mise en lumière 'histoire d'"O". c'était un plaisir de te lire.
C'est de rien meuf, c'est plaisir du cerveau.
J'ai attendu de lire encore quelques posts de plus chez vous (parce que dans les tréfonds de mon âme se cache un genre d'instit à chignon avec des lunettes et la bouche en anus de poulet) et ça y est, j'ai aimé, j'ai validé, en un mot je vous ai blogrollées.
On dit toujours que l'on perçoit dans une oeuvre qu'un reflet de soi-même. Quelle est cette partie de toi Titiou? Je suis un peu indiscrète! Pardonne moi, mais je suis curieuse.
"Bouche en anus de poulet"!!! :D E moa tu me sans sur pour dai zistoires de chiottes des gueux!!! Tume fe rir!!!
jème tes tex te Ptite Tiou, tu hais un peu l'ange de mon savoir!
Si j'étais du genre "Lolkikoo", je te dirais que tu es "trop cuty". Coup de bol c'est pas mon genre, juste merci, ça me touche beaucoup dans la mesure où je suis fan de ton blog
PS : Pour punir Gaston mon fidèle félidé, je l'envoie en vacances chez mes parents. Cruel mais efficace
Cléo : Tu laisses jamais tomber toi, hein ? (Rire amusé) Mais c'est une très bonne question. Evidemment, là, comme ça, en commentaire, c'est un peu compliqué d'y répondre. (Mais du coup, je me pose aussi la question)
Perdita : han... une fan. Si j'étais kikoolol, je te dirai <3
Ben si tu ne peux m'en parler par com, où alors!?:s
Parfois on pense mieux sans se poser la ou les questions : mais au fond pourquoi je dis ça qui suis-je, qu'est-ce qui me touche dans cette oeuvre? Est-ce une compréhension de ce que j'aimerais, de ce que j'ai vécu, de ce que vis, où une compréhension intuitive de mes rêves, ceux qui me libèrent mais que je ne veux pas concrétiser.
drôlement intéressant !
la liberté dans la soumission, je suis arrivé à la même conclusion en lisant L'idiot de Dostoïevski, le chapitre de l'anniversaire de Nastassia, celui qu'a admirablement adapté Pierre Léon (je te conseille d'aller le voir). Et j'y pense parce que j'en ai beaucoup débattu avec une collègue, qui trouvait que j'avais eu tort d'écrire ça, qu'au contraire le geste de Nastassia était le contraire de la liberté.
Bonjour à toutes et tous et merci pour cette magnifique présentation d'histoire d'O que j'ai également lu et sur lequel j'ai pris beaucoup de plaisir. J'ai d'ailleurs découvert une mini série brésilienne qui raconte l'histoire d'O sur je crois 10 épisode avec Claudia Ceppeda, connaitriez vous un moyen de se procurer cette série en DVD de notre format car je n'y arrive pas, merci d'avance.
Bonne journée à toutes et tous
Désolée, de mon côté, je ne peux pas t'aider - je ne connais même pas cette adaptation.
Les autres ?
Enregistrer un commentaire